Isabelle Nadolny
I - Le Bateleur : histoire et iconographie
Dernière mise à jour : 13 mars 2019

Le mot "Bateleur" est apparu au XIIIe siècle et provient de l'ancien français baastel qui signifie "instrument et tour d'escamoteur".
Il désigne une personne qui fait des tours d'acrobatie, de force, d'escamotage dans les foires et places publiques. Synonyme de "prestidigitateur", "saltimbanque", il a pu donner "magicien" par extension, et c'est d'ailleurs cette dernière appellation qui a été retenue dans les tarots anglo-saxons, mais dans un sens différent ! Dans trois dictionnaires anciens (1694, 1787, 1798) la définition donnée est "faiseur de tours de passe-passe". Le dictionnaire de Furetière (1690) va plus loin, et la première définition qu'il donne de Basteleur, basteleuse est "charlatan" puis "danseur de corde, bouffon". Ce qui ressort de ces définitions, c'est le caractère péjoratif : charlatan, trompeur, hâbleur. Comme le dit si bien une inscription qui accompagne une copie de L'Escamoteur de Jérôme Bosch peint entre 1475 et 1480 (ci-dessus) : "Ceux qui grâce au sac à malices font merveille amènent par leurs tours trompeurs le peuple à cracher des choses curieuses sur la table. Ne leur fais donc jamais confiance, tu t'en repentiras." Comme pour le Mat, nous sommes face à un personnage déconsidéré dans les sociétés du Moyen-Age et de l'époque moderne. D'ailleurs, dans les traités d'astrologie de la Renaissance (voir l'image ci-dessous), où les activités humaines sont associées aux planètes, le bateleur est un "enfant de la Lune" astre trompeur...

Iconographie :
Image 1 : L'Escamoteur, Jérôme Bosch, 1475-1480, Musée municipal de Saint-Germain-en-Laye.
Image 2 : Gobelets pour tours de passe-passe et baguette magique, XVIIIe siècle, Paris, Musée de la magie, photo personnelle.
Image 3 : De Sphaera, manuscrit italien, vers 1460-1470, Biblioteca Estense de Modène
